Montée à skis au Schwarzhorn dans le massif du WildstrubelSomptueux massif du Wildstrubel ! Quand on connait bien le secteur, de nombreuses variantes ou enchaînements sont possibles, au gré des conditions et de la forme : c'est ce que nous avons fait pendant 3 jours avec de fidèles clients suisses, Marc, Michel et Jean-Pierre, avec qui je devais normalement organiser un mini raid à skis dans l'Oisans. Le flux de sud (foehn) ne le permettant pas, nous nous sommes rabattus sur le secteur du Wildstrubel, où les conditions de neige de printemps étaient optimales !

En nous décidant au dernier moment pour cette destination, pendant le week-end de Pâques, la réservation des refuges était délicate. Seul le Berghotel Wildstrubel pouvait nous proposer quelques places : heureuse surprise car nous y avons été logés et nourris comme des rois ! Certes ce n'est pas un refuge, il est situé à côté de l'arrivée du téléphérique de Gemmi (Leukerbad), mais la vue est somptueuse sur le Valais, et il est idéalement placé pour toutes les classiques du secteur : Wildstrubel et Steghorn bien sûr, mais aussi Schwarzhorn, Daubenhorn, Rote Totz, ou encore le Rinderhorn. Nous avions l'embarras du choix pour passer 3 jours, tout en sachant que la neige était très bien transformée, et le regel excellent tous les matins.
Nous avons choisi de ne pas perdre un instant et de prendre une des premières bennes de Gemmi le premier jour pour déjà réaliser un sommet, le Schwarzhorn. La montée fut assez rapide, et ponctué d'un phénomène inhabituel : je suis tombé dans l'une des premières (et facile) conversion, de la neige sur le bout du nez, le berret de travers, sous les yeux de mes clients et de quelques skieurs peu habiles, mais qui eux ne tombaient pas ! Aaah, durs moments parfois dans la vie d'un guide, j'ai caché la médaille un petit moment le temps de m'éloigner !
Pas de soucis pour rejoindre le Schwarzhorn, sommet de 3000 m à la vue dégagée du Mont-Blanc à l'Oberland en passant par la Valais. J'ai décidé de descendre le versant sud et sud-est, en excellente neige de printemps, avant de repasser un col entre le Daubenhorn et le Schwarzhorn qui donne accès à de très belles pentes Nord dominant la plaine de Lämmeren. Nous y avons trouvé l'une des dernières bonnes neiges poudreuses du massif, bien abrité du soleil et du vent, puis avons rapidement rejoint des pentes mieux exposées pour finir de consommer la magnifique neige de printemps.
Le lendemain s'annonçant beau, le Rinderhorn était au programme : sommet majeur du secteur, avec ses 3400 m et sa silhouette pyramidale caractéristique, il offre une descente soutenue de 1300 m. Quelques nuages au sommet ont gâché un peu la fête, mais toute la combe inférieure était en très belle neige de printemps, tout juste dégelée en début d'après-midi. Je propose alors du "rab" à Jean-Pierre le plus sportif du groupe (plusieurs patrouilles des glaciers et le marathon en 2h23 !), juste faire un petit sommet supplémentaire histoire de profiter encore de la neige. Nous voilà bientôt 400 m plus haut aux Plattenhörner, sommets-crêtes dominant Leukerbad.
Le 3ème jour s'annonce moins beau avec de nombreux nuages effilochés en provenance du sud, s'accrochant sur les hauts sommets. Nous avons décidé de faire le Wildstrubel, presque incontournable, mais la fréquentation importante et le brouillard sur les plateaux sommitaux me font opter pour le Steghorn, à la visibilté plsu avantageuse. J'ai aussi l'idée si le soleil chauffe suffisament les versants sud, de rejoindre depuis le Steghorn, par un système de couloirs et pentes exposées, le sommet du Rote Totz, puis directement Gemmi (cela évite le plat de Lämmeren, la descente est plus intéressante). Effectivement le soleil donne de mieux en mieux, et après un repérage, nous nous élançons dans un couloir à 40-45°, court, assez exposé mais en neige bien dégelée, puis dans de belles pentes entre des barres de roches calcaires, pour enfin rejoindre les pentes plus classiques de Rote Totz. La suite est à l'image du séjour : de belles pentes en bonne neige !
C'est avec la certitude d'avoir bien jouer nos cartes que nous rejoignons Gemmi pour un dernier repas, avant de rejoindre la Vallée du Rhône et la belle douceur printanière.

 

Descente à skis des pentes sud du Schwarzhorn en neige de printempsMontée encordée d'une partie raide du RinderhornMagnifique descente du Rinderhorn, le sommet de la combe raide sous RindersattelLa traversée Steghorn - Rote Totz, belles pentes exposées en neige de printemps