Avec plusieurs sommets de 3000 au programme, dont la traversée du Wildstrubel

Les journées ensoleillées s'enchaînent cet hiver 2022 et si les conditions restent plutôt bonnes la neige n'est pas partout éternelle ! Heureusement ce secteur des Alpes bernoises à la frontière nord du Valais est situé en altitude et le froid continental est resté présent, la neige n'est pas ultra-abondante mais bien suffisante pour envisager pas mal de sommets et variantes en mars.

Avec un petit groupe nous avons choisi de séjourner d'abord 2 nuits dans le beau refuge central de Lämmeren, accessible rapidement par les remontées du col de Gemmi et très bien placé entre les nombreux 3000 accessibles de ce petit massif. Le beau temps nous pousse dès le premier jour à dépasser le programme en nous offrant une courte pente originale dominant le refuge. Il n'a pas neigé depuis 2 semaines au moins, le bon regel et le froid diurne nous permettent de skier des pentes ensoleillées dans de bonnes conditions, même tardivement, le risque d'avalanche reste très réduit.


Le lendemain nous devons gravir le très classique et rapide Schwarzhorn et j'ai dans l'idée de tenter le Rothorn par le Schneejoch pour compléter la journée. Hélas la pente nord de ce petit col autrefois classique n'est pas assez enneigée et laisse apparaitre un rocher bien douteux, nous nous rabattons sur un sommet de 3000 non nommé et fréquenté, et découvrons un petit couloir et une pente sur son versant sud. Avec une petite manip de corde pour rassurer mes gaillards, ce sera le moment clé de la journée, avant de rebasculer dans les pentes du versant Nord restées poudreuses.

Le 3ème jour, c'est toujours la tempête de ciel bleu... Un bleu vraiment profond comme je n'avais pas vu depuis longtemps, seulement zébré de quelques traines d'avions de chasse. Les humains pourront-ils un jour partager ce ciel en paix ?!
Nous traversons le sommet éponyme du massif, le Wildstrubel. Nous nous offrons une longue pause au sommet du Grossstrubel, magnifique point de vue central, où le regard se porte autant vers le Mont-Blanc, les hauts sommets du Valais ou de l'Oberland. Nous basculons versant N-O par le sauvage glacier de l'Ammertegletscher pour gravir enfin l'Ammertegrat et finir en skiant un couloir Nord-Est magnifique et soutenu.
Nous rejoignons Engstligenalp, un endroit paisible au nom pourtant imprononçable. Petite station de ski uniquement accessible par une remontée, écrin de neige à 2000 m où se mélangent gentiment fondeurs, skieurs alpins et de randonnée, piétons, sportifs et familles.

Une nuit douillette en hôtel de montagne et nous voilà repartis pour un col assez raide sur ces 2 versants, le Chindbettipass. Celui-ci donne accès à un vallon sauvage que nous remontons jusqu'au Rotetotz, superbe petit sommet défendu par une dernière pente raide ou une arête rocheuse. La fatigue accumulée commence à se faire sentir, d'autant que certains sacs sont un peu lourds !
J'avais bien envisagé quelques variantes sur cette étape, mais j'ai rapidement compris qu'il ne faudrait pas trop repousser les limites aujourd'hui, le parcours est suffisamment varié et intéressant pour apporter tous les ingrédients d'une magnifique journée de montagne.
Nous profitons d'une neige encore très bonne pour rejoindre le Berghotel Schwarenbach dont le confort nous permet une nouvelle nuit non moins douillette que la précédente !

Le dernier jour un petit vent de sud nous indique que le temps a changé, ciel plus voilé, néanmoins avec une excellente visibilité pour rejoindre les remontées de Gemmi et le plancher des vaches. Nous remontons d'abord une petite vallée de caractère, Furggentälti, pour rejoindre un point spectaculaire dominant la raide barre rocheuse protégeant le massif.
Non loin d'ici, bien des siècles en arrière, un passage permettait aux hommes et aux bêtes de passer de la vallée du Rhône au pays bernois. Impressionnant lorsqu'on observe ces barres rocheuses très raides où seules quelques rampes suspendues laissent entrevoir un possible franchissement !
L'Aigle Royal et le Gypaète barbu nous raccompagnent aux remontées de Gemmi où nous quittons cet univers si particulier.

Pour faire ce raid à skis tel que décrit : une expérience du ski de randonnée et un excellent niveau de ski toutes neiges sont nécessaires. Il est recommandé d'avoir déjà fait un raid à skis pour bien optimiser son matériel et son sac.
Prévoir 5 journées d'engagement, pour un groupe jusqu'à 4 personnes pour ce programme itinérant.

Il est également possible de faire 3 ou 4 jours en se servant d'une base de départ comme le refuge Lämmeren, ou même l'hôtel situé aux remontées de Gemmi. Un tel séjour en étoile peut s'adresser à des bons skieurs endurants sans expérience de ski de randonnée. Groupe jusqu'à 6 personnes dans ce cas.

Hébergement : les refuges du secteur sont très confortables, parfois ce sont des hôtels de montagne. Vous y trouverez des douches et des possibilités de chambres pour 2, ou des dortoirs classiques. Les tarifs sont en rapport avec l'épaisseur des couettes, sans comparaison avec de vrais refuges de montagne.