Conditions exceptionnelles, suite aux chutes de neige des 15 derniers jours, et moins de 30 personnes ce jour ! La Vallée Blanche avait retrouvé sa pureté originelle...

Le début du mois de Mai a été assez exceptionnel en Haute-Savoie : de la pluie tous les jours ou presque pendant plus de 15 jours, et une fraîcheur inhabituelle. Du coup, les conditions d'enneigement en haute-montagne se sont largement améliorées, et celles autour de 1800 m (fin de la Vallée Blanche) ne se sont pas trop dégradées.
Ce matin, à la première benne de l'aiguille du Midi, c'était impressionnant de voir à quel point les faces Nord (en particulier) étaient chargées de neige : celle-ci avait bien collé, et de nombreuses goulottes de glace éphémères semblaient s'être formé, mettant des projets plein la tête à n'importe quel alpiniste !
Aymeric et Marie s'étaient aménagé un break dans leur trépidante vie d'étudiants, pour souffler après leurs examens. A Chamonix, ils voulaient profiter pleinement des activités de nature qu'offre le massif du Mont-Blanc : parapente, ski, randonnées...
Je ne m'attendais pas forcément à une neige de qualité, avec les derniers jours au temps mitigé, et avec du vent qui aurait pu rendre le manteau neigeux hétérogène. En fait, passé le col du Midi où la neige avait été soufflée, nous avons eu le bonheur de trouver des conditions de neige de printemps, avec un manteau bien lisse, et des glaciers très bien bouchés !
Nous avions du chausser les crampons pour l'arête de l'aiguille du Midi, car celle-ci n'est plus équipée.Tout Chamonix est presque en sommeil à cette période d'inter-saison, et malgré de belles conditions en altitude, mais l'arête devrait finalement ne jamais être équipée, cela redonnerait toutes ses lettres de noblesses à la descente de la Vallée Blanche, et éviterait bien des problèmes. Seules des personnes expérimentées ou bien encadrées pourraient s'y rendre...
Après avoir enchainé de belles courbes jusqu'aux environs du refuge du Requin, un passage délicat pour traverser une coulée d'avalanche nous permettait de prendre pied sur la Salle à Manger, au pied de la vaste chute de glace du Géant. Nous n'avions encore croisé personne ! Après une bonne pause pour casser un peu la croute (mais il était encore tôt), cela fut facile et bien agréable de nous laisser glisser sur une neige veloutée, sur les grands espaces du glacier du Tacul et de la Mer de Glace.
La neige encore bien présente nous a permis de rejoindre sans difficulté le pied des échelles du Montenvers ; j'avais en effet décidé de remonter par les échelles, plus physiques mais plus ludiques également, car il fallait sinon marcher dans des éboulis quelques temps pour rejoindre la Grotte de Glace, fin habituelle de la Vallée Blanche (lorsque l'enneigement ne permet pas de descendre à Chamonix).
Les échelles ne sont pas trop verticales, elles sont équipées de "queues de cochon" comme une via ferrata, et elles étaient bien sèches. Ce fut donc assez facile (mais quand même éprouvant) pour rejoindre le bon sentier qui nous a ramené au train.
Un grand merci à Marie et Aymeric d'avoir bravé les habitudes, pour faire cette descente en dehors des foules : malgré la date tardive, les conditions étaient tout à fait propices pour réaliser l'une des plus belles descentes de la Vallée Blanche de l'hiver.

Personne sur la variante du Rognon à la Vallée Blanche, et une neige de rêve !
Vallée Blanche au printemps : la pause à la Salle à MangerLes échelles du Montenvers pour quitter la Mer de Glace
Solitude sur le glacier du Tacul