Un raid de 4 jours qui  permettaient au prix de quelques remontées mécaniques de visiter les glaciers les plus impressionnants de Zermatt. Ambitieux et sûrement plus difficile que sur le papier, mais magnifique... Voir les photos

Mes 4 compagnons de ce petit voyage sur les grands itinéraires de la capitale valaisanne des Alpes avaient l'envie de connaitre un peu mieux ce secteur mythique. L'an passé une belle boucle autour d'Arolla s'était hélas achevée dans le mauvais temps à la cabane Bertol, ne permettant pas de rejoindre Zermatt comme prévu.
Nous avons donc commencé par la traversée en 2 jours d'Arolla à Zermatt, en finissant la célèbre haute-route. Déjà ambitieux pour ceux qui manquent d'entraînement, la montée de 5-6 h à Bertol et l'altitude ont tout de suite mis les physiques à rude épreuve.
Par contre notre séjour dans ce petit havre de haute-montagne, nid d'aigle parmi les nids d'aigles, fut incontestablement réussi : nous étions seuls, Anne-Marie (gardienne), Isabelle et Olivier de passage nous ont accueilli merveilleusement, tout heureux de commencer depuis seulement 3 jours la saison. Souvenir ému du cassoulet maison d'Isabelle et du vin du Valais...
Aux premiers rayons du soleil, nous partions vers Zermatt dans une belle solitude, avec le bonheur de faire sa trace dans une neige récente, vraiment seuls au cœur d'un sanctuaire les plus parcouru des Alpes habituellement.
Le Cervin, la Dent d'Hérens et la Dent Blanche nous faisaient un clin d'oeil au sommet de Tête Blanche, toujours seuls...
Et ce n'est que sur le glacier du Stöckji que nous avons retrouvé les consommateurs de poudreuse montés en hélicoptère à la Tête de Valpelline. Pendant 3 jours nous devrons faire avec ses hordes (pas si nombreuses malgré tout !) de skieurs aisés, peu éduqués aux joies triviales mais saines de la randonnée à skis. Monter à pied, se fatiguer pour admirer la vue et profiter de la glisse : quel bonheur!
Le glacier du Stöckji en neige poudreuse facile, avec un tel cadre, était un cadeau. Une bonne trace nous a conduit aux remontées de Füri, puis nous nous sommes mis dans le moule d'un skieur de Zermatt pour rejoindre le Petit Cervin, et finalement le refuge des Guides du Cervin.
Le lendemain, après une soirée tranquille à 3400 m d'altitude, il était difficile de ne pas projeter de gravir le Breithorn, sommet skiable de 4164 m qui paraissait en bonnes conditions. En effet nous avons pu monter en peau de phoque, et sans utiliser les couteaux, jusqu'au sommet. Seuls encore ! Le téléphérique du Petit Cervin n'avait pas encore catapulté ses skieurs pressés. La vue est ici indescriptible : on observe près de 40 sommets de 4000 m et une grande partie du Valais.
Nous nous sommes laissés glisser en direction du Pollux, et une courte remontée à peaux de phoque nous conduisit à la Schwarztor, impressionnante porte ouverte sur le versant Nord des 4000 du Mont-Rose, entre Pollux et Roccia Nera.
De là, une descente glaciaire soutenue dans une ambiance typique de la haute-montagne devait nous conduire 1500 m plus bas sur le glacier du Gornergrat. Tracée et fréquentée (hélicoptères et accès facile depuis le Petit Cervin), la neige nous offrait néanmoins de longs passages vierges, ce qui n'était pas forcément de tout repos pour ceux qui n'en avaient pas l'habitude!
Les 2 heures de remontée au refuge Monterosa furent donc un peu difficiles, mais nous savions que ce nouveau refuge d'avant-garde nous donnerait un repos mérité dans un cadre unique.
Le refuge Monterosa, magnifique bâtisse inaugurée en 2010, en quasi complète autarcie (gestion de l'énergie et de l'eau de premier ordre) est un bâtiment qui procure de la fierté. Le mélange subtil entre le choix des matériaux, les prouesses techniques et l'art d'une conception qui donne la part belle à la contemplation des montagnes depuis l'intérieur, font de ce refuge probablement l'un des plus beaux des Alpes.
Le lendemain, il fallait encore se lever tôt pour visiter le glacier de Grenz, encore un temple glaciaire très impressionnant au pied de la face Nord du Lyskamm. Une avalanche de séracs matinale, qui semblait couper la trace effectuée en rive gauche (sous le Lyskamm), a d'abord fragilisé le moral de certains de mes compagnons, qui m'ont poussé à "forcer" un passage par l'autre rive, moins exposée mais très crevassée. Amusé par ce petit challenge - je dis souvent qu'il faut développer son intuition en ne suivant pas toujours les traces -, nous nous sommes encordés et avons pris la direction de ce passage qui s'annonçait improbable.
En effet, après quelques hésitations et malgré des doutes, nous avons pu franchir la difficulté au prix d'un passage original entre 2 séracs débonnaires. Un passage marquant, car nous sommes au coeur d'un puissant glacier des Alpes, entre 2 murs de glace!
Enfin, plus haut nous débouchions au soleil sur un plateau au pied des derniers séracs sous le col du Lys : splendide... Le froid mordant du matin et l'heure qui avançait nous fit sonner la retraite, pas besoin d'en voir plus, nous avions profité de ce sanctuaire et il ne restait plus qu'à déchausser les peaux de phoque pour rejoindre le refuge, 800 m plus bas.
Au refuge les groupes arrivés en hélicoptère de la "Sattel" du Mont-Rose, en tenue de ski alpin et sans sacs, tout frais du matin, faisaient un peu tâche au milieu de la haute-montagne. A moins que ce ne soit nous-mêmes!
Après un bon repas, la descente fut agréable sur le Gornergletscher, puis dans la gorge qui ramène aux pistes de Zermatt : passage de caractère, étroit autour du torrent du glacier, où l'enneigement permettait encore de skier sans déchausser malgré quelques passages en glace.

Ce tour a donc marqué, par l'altitude élevée, par certains passages pittoresques, par la beauté des refuges et par les paysages grandioses. La fatigue s'estompera bien vite pour laisser la part belle aux souvenirs d'efforts gratifiants.